Des Puces de Saint-Ouens / Clignancourt.


Aujourd'huy, on parlera un peu des Puces de Clignancourt.

Ou de Saint-Ouens : c'est la même chose.

En quelques mots, car il y a beaucoup ou très-peu de choses à dire.

La moyenne d'âge du client est de 55 ans environ ; c'est un homme, neuf fois sur dix. C'est bien connu : les femmes préfèrent les magazines en kiosque, les jeunes préfèrent les bars, et les deux, puisqu'ils regardent le journal télévisé, se contre-fichent de ce qui a pu se passer il y a seulement trois jours. (Alors, vous pensez bien, quelques siècles...)

90% sont très-pénibles, voire complètement stupides, incivils et bornés. Auquel cas, quelle que soit la connerie qui sort de leur bouche, faire "Mmmh..." ou "Oui oui...", puis vaquer à d'autres choses. Les Puces sont une formidable école de patience et de désillusion.

9% sont corrects et polis, voire plaisants.

1% fait le seul intérêt humain de la chose.

Les fous ont petite part ; mais on leur garde un certain capital-sympathie. Du moment qu'ils ne restent pas en place plus de cinq minutes.

Les gens qui y viennent, y viennent de plus en plus comme au musée. Sauf que ce musée-ci est gratuit.

Le tourisme à peu de frais s'y développe donc. Qui, de Bobo à campagnard, n'est pas guère glorieux.

Notez aussi qu'une part croissante des visiteurs souhaite juste trouver quelqu'un à qui parler. Une demie heure se monnaie donc par l'achat d'une babiole à 1 euro. C'est un peu lassant. D'autant plus que ces gens n'ont généralement rien d'intéressant à dire, si ce n'est que tout va de mal en pis, pour preuve que je vous raconte ma concierge et mon voisin qui...

Les marchands, de leur côté, pètent les plombs et déposent bilan, ne comprenant pas que le marché de l'ancien a fortement évolué (cause l'euro et l'euro fort) et que les gens préfèrent s'acheter des micro-ordinateurs portables ou se fournir chez Ikéa.

A noter que marchands comme clients se plaignent et geignent sans arrêt. Rien de moins que normal : on est en France, après tout.

La racaille s'implante de plus en plus profondément sur les Puces, à grand renfort de baskets en tous genres, de musique très-sonore, et, euh, pour faire simple, contrebande de beaucoup de tout ce qui se vole à Paris. Cela dit en passant, le fameux coup de karsher ne fit qu'un ménage restreint. Les flics de St-Ouens s'en foutent royalement, sauf quand ils peuvent se servir au passage — comme le personnel de contrôle des bagages à main, par exemple — je m'égare —, si toutefois ils ne sont pas ronds dès poltron-minet. (Que je suis mauvaise langue.)

Bref, ce n'est plus ni très-drôle, ni pittoresque, tout ça.

Sauf si vous souhaitez voir quelques specimen de marchands barbus et grognons, voire agressifs. Mais dépêchez-vous : ils seront bientôt morts.

Remarquez, clients et touristes valent également le coup d'oeil. Infiniment intéressant, je vous assure.

Mais si vous y venez c'est que vous en êtes.

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