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Nippepties (2) : Kyoto, sa pente et ses habitants.


Kyoto se trouve au Japon.
Kyoto est une ville.
Kyoto, c'est bien connu, est aussi une prison.

Kyoto est femelle, pur sang millénaire, l'alliance merveilleuse de la jeunesse et de l'immémorial, le mélange diabolique de la geisha, de la maiko, et de la maquerelle — euh, de la machiya —, c'est le parfum sans les odeurs, le soleil sans la pluie, la pluie sans la neige, la neige sans la tempête, la tempête sans l'ourangan, le salaryman sans la bière, l'ourang-outang sans les mouches, les — enfin bref, Kyoto est un piège.

Vous saviez tout cela ; et pourtant vous y êtes tombés.
Que n'eûtes-vous donc fait.

Une fois l'éblouissement passé, une fois les pupilles accoutumées à cette extrême lueur, une fois les sens repus de l'étourdissant contraste des moites couleurs, des enivrantes saveurs et des peaux vives, — l'attrapé se réveille comme d'un rêve, il regarde autour de lui, se dit que c'est très-surfait, qu'on ne peut faire un pas sans croiser un étranger, décide d'aller voir ailleurs s'ils n'y sont pas, et se met à marcher vers la banlieue, sçavoir, au choix : Otsu, Osaka, ou la montagne (ça tombe bien, dit le guide, les yama-bushi sont grande attraction au printemps et en automne, et occasion d'instructifs yama-nobori).

Seulement voilà : il ne peut pas, et se trouve rapidement confronté à une dure et piquante réalité :

La dure et piquante réalité kyotoïte.

C'est que, comme nous disions tantôt, Kyoto est une prison.
Il semble que cette initiative naquit de la cervelle d'un politicien à moitié fou (ou à moitié sage, comme vous voulez), il y a quelques années déjà, à fin de repeupler la ville. En vérité, les informations sur ce sujet sont rares et obscures, la motion ayant été passée en secret très-absolu. Pour preuve, pas mal de gens ne s'en sont encor aperçu.

Pourquoi ?
Outre les barbelés, qui ne sont là que pour achever de décourager les plus persévérants, Kyoto renferme un ret plus subtil, subreptice et plus fort encor : Kyoto n'est qu'une pente. Et de ce fait, ses habitants, c'est à dire, ses échappants en puissance, ne font que marcher en montant, ou monter en marchant. En pente. C'est très fatiguant. C'est pour cela que les Kyotoïtes âgés marchent très-courbés. Un exemple :

Exemple de Kyotoïtes (pas trop courbés encor) en marche, montée, et couple. Et pente.

Je vous vois venir : bah, une pente n'est qu'une pente, il y en a partout, ou presque, et puis on peut la descendre.

Ha ! vous n'avez pas saisit l'ingéniosité de la chose. C'est que les rues de Kyoto sont en sens unique, et que — prouesse plus grande encor — , du fait d'une inversion modificationnelle conjointe du terrain et de la gravité, les pentes se suivent et ne finissent : on peut faire le tour de la ville, et ne cesser jamais de monter. Vous vous souvenez des Shadoks de Rouxel, ces oiseaux ridicules ? Eh bien, c'est peu ou prou la même chose, sauf que les Kyotoïtes ne sont pas ridicules, ne sont pas des oiseaux, et ne pompent pas, mais montent.

Vous saisissez ? non ? Voici un petit schéma explicatif :

Un schéma, explicatif et petit.

Bref, Kyoto est un piège qui tourne — enfin, il ne tourne pas vraiment, c'est une image : je veux dire qu'il marche — non pas en montant, comme ses habitants ; c'est encore une image : je veux dire qu'il fonctionne bien, comme piège en pente. Le piège du piège en pente de Kyoto, c'est que la pente ne finit pas : vous auriez beau faire dix fois le tour de Kyoto, vous monteriez toujours.

Vous saisissez ? non ? Imaginez : prenez un rond, n'importe lequel, en pensée. Puis faites-en le tour, en pensée toujours, et encore une fois. Eh bien Kyoto c'est la même chose, sauf que ce n'est pas un rond, mais un quadrilatère. En pente.

Vous saisissez ? non ? À fin d'ôter tout doute, voici un cliché de l'Hôtel de Ville de Kyoto — j'ignore si des gens y dorment : c'est une expression, pas une image —, voici un cliché de la mairie de Kyoto, donc, telle qu'elle devrait être vue, si n'était l'anormale gravité :

La mairie de Kyoto, dans sa véritable perspective.

Le système, par ailleurs, n'est pas infaillible — ou est-ce à dessein ? — : il arrive parfois, soudainement, que la dénivellée croisse, que la pente se fasse, pour ainsi dire, plus pentue. Ce n'est, bien sûr, pas qu'une impression, et il faut s'y bien préparer — faute de quoi le rêveur, le perdu dans ses pensées (ou dans la contemplation d'une jupe courte, dans l'espoir insensé d'apercevoir une parcelle du tissu celé, Sera-t-elle blanche ou rose ou noire ? Y aura-t-il une tête de panda, de ponyo, de — ), faute de quoi l'inattentif sera pris au dépourvu de la pente, perdra l'équilibre, et là, c'est la chute, le roulé-boulé involontaire tout en bas de la pente. L'échappant en puissance devient chutant en fait. Une photo exclusive :

Photo exclusive, prise par un Kyotoïte surpris et chutant.

Vous l'aurez compris : c'est là qu'est le drame : il n'y a pas de bas de pente à Kyoto : vous êtes condamné à rouler-bouler pour l'éternité.

Fort-heureusement, tout est prévu. Vu que le but de cette montée infinie est de faire que les Kyotoïtes croissent et se multiplient, ils le feraient, chutant, d'une bien inconfortable manière, si tant est que cela fût possible, attendant, comme deux électrons lancés à toute vitesse dans le vide nucléique, de s'entre-choquer, par chance infime, et de s'agripper, faire leur chose, &c.
Aussi, des filets de sûreté furent mis ci et là :

Filet de sécurité pour malencontreux chutants.

Divers autres moyens furent mis en œuvre pour rattraper les chutants. À titre d'exemple, ce panneau d'arrêt :

Panneau d'arrêt anti-chutant à trois places, ici pour un homme et deux oiseaux.

La mairie recommande également aux habitants, bien-innocemment (car c'est un secret, chut), de laisser là choir en rue choses variées, à fin que les pauvres chutants puissent s'y raccrocher. (C'est aussi pourquoi Kyoto regorge de bornes, d'arrêts de bus, et de femmes portant l'obi.) Sont tout spécialement recommandés les gros pots de fleurs, les tanukis en terre, les étales débordants, les étudiants ou grand-pères porte-pancarte, les hommes-sandwiches, les meubles et caisses diverses.

Caisses diverses.

Le port permanent de parapluie transparent, très-résistant, est par ailleurs fortement conseillé : les chutes de chutants — comme on dirait : une chute de neige, n'est-ce pas — ne sont pas phénomènes si rares qu'on pense. Sauf que n'en sachant rien, on n'y pense, généralement, peu, voire pas. Prenez garde.

Voilà, c'est à peu près tout ce que j'avais à dire sur Kyoto, sa pente et ses habitants.

A part ça, on y peut déguster de l'excellent awamori, alcool originaire d'Okinaka.

Quant à savoir comment il arrive jusque là, la réponse est évidente, et quant à savoir comment il en repart, la question ne se pose pas, puisqu'il s'y boit.

Awamori d'Okinawa, à Kyoto, en voie de non-retour.

Quant à savoir par quels détours et quelles ruses je retournai dans ma lointaine banlieue, je les tairai, tirant un bénéfice certain de la revente, aux Kyotoïtes désespérés, de ces précieuses informations.

(Que les personnes intéressées n'hésitent pas à me contacter. Les postiers en provenance de Kyoto n'arrivant, forcément, jusqu'ici, le paiement se peut faire, au choix, par virement bancaire, ou par Paypal. Je rappelle aux chutants qu'internet est accessible, pour virement en ligne, depuis n'importe quel bon téléphone portable et moderne.)

À bon relecteur, salut.

Nippepties (1) : un peu de peau.


Désolé de ce qui suit, petit amusement de ce matin : j'aime beaucoup feu Raymond Devos...
Et donc, à la manière de :


PARLONS PEU, MAIS PARLONS PEAU


Au Japon il y a beaucoup de... Japonais.

Les Japonais ont beaucoup de... peau.

C'est qu'ils ont beau être petits, les jeunes sont moins petits que la moyenne des moins petits de leurs parents. Qui avaient moins de peau que les moins grands des jeunes. Ou que la plupart de ceux-ci.
Ajoutez à cela que, par comparaisons aux occidentaux, même les plus petits des moins jeunes — je parle des Japonais — ont plus d'intestins que les moins vieux. Ceci dit incidemment.

Prenons un exemple concret.
Les intestins — vous savez : la peau du tuyau d'échappement — servent à faire la peau des saucisses.
Si — c'est une supposition, n'est-ce pas —, si on entourait une saucisse — imaginez une très très longue saucisse, sans peau —, si on entourait une saucisse de la peau des intestins des moins jeunes des Japonais, elle serait encor plus longue que celle qu'on entourerait de la peau des intestins des moins vieux des occidentaux. Vous voyez ? Non ?
On tourne autour du pot...

Résumons : les Japonais ont beaucoup de peau, en général.

Je ne parle pas des militaires. Sinon j'aurais dit : les Japonais ont beaucoup de peau, en généraux. Ne mélangez pas tout.
D'autant plus qu'à parler d'armée au Japon, vous entrez en terrain délicat.
C'est qu'ils ont, non pas une armée, mais une force d'auto-défense. Pas de pot.
Et puis, je ne sais s'il existe toujours des généraux dans cette force d'auto-défense.
Toujours est-il que, même les généraux, s'il en est, ont autant de peau que les autres Japonais.
J'espère avoir été suffisamment clair.

Les Japonais ont donc beaucoup de... peau.

Les Japonaises aussi ! Ne me faites pô dire ce que j'n'ai pô dit.
On entend souvent dire que les moins vieilles des Japonaises ont des jambes comme des poteaux. Ce qui ferait qu'elles auraient plus de peau encor que leurs homologues masculins.

J'entends des mauvaises langues dans la salle : Ah ah ah, ce sont des poteaux roses !
Et je dis : Malpolis !


Enfin bref, les Japonaises auraient plus de peau que les Japonais, si elles n'étaient si fines.
Je ne dis pas qu'elles ont la peau fine ; mais qu'elles sont fines, en général.

J'ignore par ailleurs s'il est des femmes générales. Peaufinons : j'en doute.

Je dis juste qu'elles sont fines, en général : elles font attention à ce qu'elles mangent, et leur peau est souvent douce et tendue.

Vous avez déjà touché une Japonaise ? leur peau n'est souvent qu'une douce étendue...

J'entends d'ici les médisants : Pouah ! elles n'ont que la peau sur les os !
Et je dis : Malpolis !
_
Avec elles on fait de beaux rêves, des rêves de peau moite, des rêves d'eau et de peau, et pour peu qu'on ait une Japonaise à deux pas...

Ah, pardon : je m'égare.

Je disais que leur peau est souvent douce et tendue, même celle du ventre.

Ne confondez pas tout.
Je ne dis pas qu'elles ont gros ventre : je dis même l'opposé.
Et par ailleurs, l'opposé du ventre fin des Japonaises — vous savez : les fesses — sont aussi fines que le ventre. Et la peau aussi tendue ici que là.
Comment ce fait-ce ?
Vous suivez vraiment ?! Je viens de le dire : elles font attention à ce qu'elles mangent !
C'est leur pot aux roses. Si les occidentales savaient !

Enfin bref, elles sont fines, les Japonaises.

Ce qui ne veut pas dire qu'elles soient bien dans leur peau.
Tout au contraire !
C'est qu'il faut faire beaucoup de sacrifices pour être fine, et avoir la peau douce et tendue...

Ah, pardon : je m'égare à nouveau...
Par ailleurs, cela ne concerne pas seulement les Japonaises.

C'est que, fins ou pas, et à tout âge, les Japonais ont une sensibilité à fleur de peau.
Il faut faire attention à ce que l'on dit, pour ne pas froisser les susceptibilités.
Car les Japonais sont très sensibles.
Cela n'a rien à voir avec le fait qu'ils aient beaucoup de peau.
Peau ou pas, ils sont sensibles.
Il se trouve juste qu'ils ont beaucoup de peau.
Beaucoup de peau, beaucoup de sensibilité, sans aucun lien entre les deux.
Et il est beaucoup d'occasions de contrariétés, au Japon.

C'est que la vie en société au Japon est très difficile.
Ce qui fait que les Japonais sont souvent froissés.
Mais ça ne se voit pas : la peau reste lisse.
Ça ne devrait pas vous étonner : on peut très bien être froissé, rester de marbre, rester de glace — au niveau de la peau, qui, elle, reste lisse, douce et tendue, hein ! — et qu'à l'intérieur ça bouille ou ça saigne...
Vous voyez de quoi je parle, n'est-ce pas : on a tous nos petites contrariétés, et parfois, bien que froissé, il faut sourire. Eh bien c'est la même chose : transposez.

Ceci dit, quand ils sont contrariés et ne peuvent le montrer, les Japonais boivent.
On fait ça aussi, n'est-ce pas ?
Mais ils boivent assez peu de vin : ils font ça à la bière, après le travail, au comptoir.

Ça ne veut pas dire qu'au Japon il n'y a ni dessous-de-table, ni pot-de-vin : tout au contraire.
Mais ce n'est pas le sujet : on parle de peau.

Ils boivent pour oublier leurs contrariétés, et ils boivent beaucoup.
Forcément, leur complexion s'en ressent.
Ce n'est pas faute à leur susceptibilité, qui est à fleur de peau, vous comprenez ? C'est question de gène. Et parfois ça les complexe. Mais ce n'est pas le sujet.

Heureusement, les Japonaises boivent un peu moins que les Japonais.
C'est aussi, qu'en plus de faire attention à ce qu'elles mangent, elles font attention à ce qu'elles boivent.
Du coup, même froissées, et après avoir bu, elles ont la peau lisse, douce, et tendue...

Ahem !
Ceci dit, elles rougissent beaucoup.
Non pas sous le coup des sentiments (ça arrive aussi, moins souvent), mais sous le coup de la boisson.
Et là, pof ! la peau lisse, douce et tendue devient rouge.
Et là, il y a ceux qui me comprennent :
la peau rouge est souvent un feu vert.