Hors Barbes Faces Et bla




Samedi, en fin d'après-midi.

 Belle journée, passée en ménage (au sens utilitaire du terme, puisqu'S est encore au Japon pour quelques jours). Les travaux touchent fin : on a pu prendre la première douche (en vraie baignoire) depuis trois semaines. Celles prisent à la rude dans la cuisine, ne me manqueront pas.

Très rapidement, après la création de ce blog, juste avant le départ vers Japon, crois-je me souvenir, les dates de publication des billets furent masquées, et ceux-ci commencent — depuis quand ? je ne sais plus — par la simple mention d'un jour de la semaine. Deux raisons et vouloir-dire, à ces indices convergents : la non-situation de nos propos (si ce n'est celle-ci tout de même, soit : propos d'un homme né dans une société occidentale dans la deuxième moitié du XXe siècle ; mais même cela peut être superflu), et la répétition du même.

Fond de café froid, au lait.




On dit tout et son contraire sur la barbe. Porter la barbe, serait une tentative pour recréer le sexe de la femme sur son visage. Obliger de raser une barbe, c'est une castration symbolique. Se raser, c'est se faire ressemblant à la femme. C'est aussi se distinguer du sauvage. (Permettait-elle aux sauvages de se distinguer entre eux et de reconnaître qui baiser, en d'autres temps moins électriques, hygiéniques et faciles ? eh eh, cf. Gimli.) La barbe, fournie, taillée et huilée, est à la mode : la barbe entretenue est une coquetterie d'homme à homme. La barbe est également politique : c'est un attribut de résistance. (Au Japon, porter la barbe en Service Public est tacitement interdit, sous peine de licenciement.) La barbe est l'ennemi de la femme : elle pique, et lui rappelle, psychanalytiquement parlant, que l'homme est une bête impolicée (voir Bettelheim et La belle et la bête) : la barbe est désir brut. La barbe, c'est aussi un jardin.

 L'ordonnance du monde qui nous entoure est un appendice de notre être — ordre, désordre, à quel degré, de quelle manière. Signes de l'état de notre organisation et de nos processus mentaux. (Tout l'est, objectera-t-on : précisément.) De nos jours, il faut peut-être mois regarder l'état d'une pièce, que celui du "bureau" (desktop) de l'ordinateur, pour se faire une idée de la personne. Par ailleurs, les désordonnés ont la vie facile : loin d'être perturbés par l'ordre des ordonnés, ils y mettent simplement leur désordre. Et Sisyphe n'est jamais heureux.
 



D'A. Quel dommage. Qu'est-ce qui a pu la casser à ce point ?

Ici, et (dans l'ordre), deux billets sur le honne et le tatemae. Les commentaires sont intéressants, en particulier pour les deux premiers billets, où l'on voit l'acharnement des gens (en majorité nord-américains) à universaliser systématiquement, réduire, procuster, voire nier toute spécificité culturelle étrangère, et à refuser d'écouter et d'apprendre auprès d'autres qui en savent bien plus long qu'eux sur le sujet.
EDIT : Il y a une partie 4 et même une cinquième, et c'est un peu dommage, car l'auteur (qui est probablement pas très vieux) voit vraiment du H/T partout, tatemae qui a bon dos de récupérer les mensonges de toutes couleurs, en tout genre et en tous domaines (alors que, par exemple, le discours politique, ce n'est pas du tatemae : c'est simplement de fausses promesses faites à des idiots en vue de se faire réélire). Comme dirait ce vieux filou de Barthes (quel faussaire celui-là, tout de même) : Si le tatemae est partout, alors le tatemae n'est plus nulle part. Cet "edit" me donne l'occasion de formuler un bout du fond de ma pensée (comme on dit) : le honne fut inventé pour (se / leur) donner l'illusion que tout n'était pas façade. Le tatemae, c'est un simple outil de réduction des frictions en société, c'est une machine à confort collectif, imposé via une mythologie nationale ("Il existe un honne et un tatemae ; pratiquer le tatemae ne porte pas atteinte à votre honne, lequel peut ne se montrer aucunement"). Pensez-y, e.g. : la moitié d'une conversation se déroule en général sur un modèle connu par cœur, telle réplique entraînant telle autre : quel confort, gokuraku gokuraku (pour un Occidental, c'est l'enfer). Mais bon, inversement, lécher des culs, dire des choses qu'on ne pense pas pour permettre à un tel de se défiler ou pour lui faire plaisir, ou pester contre son boss en cachette, ça ne suffit pas pour faire une individualité cachée, hein : le honne, ça n'existe pas, ce n'est qu'un mot (dommage pour ceux qui croyaient être quelqu'un alors qu'ils ne sont qu'un rouage dans une entreprise, et un porte-monnaie géniteur pour leur femme)(inversement, ouvrir sa grande gueule à tout bout de champ n'est garant de rien : peut-être mêm plus près de personne que de quelqu'un). Enfin bref, on va en rester là. (Sous-tendu de phénoménologie totale, si on veut : on est la somme de tous les "soi" manifestés.)

Deux hommes qui tous deux préfèrent la compagnie des femmes, peuvent-ils devenir des amis ? C'est qu'il manque le désir, et que la conversation des hommes les lasse.

De l'aveuglement volontaire. Qui dit n'avoir pas vu, n'a, bien plutôt, pas voulu voir.

Allez.


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