Les gens de dos (1)




Juste des gens de dos.

2 commentaires:

Lionel Dersot a dit…

Surtout ne prenez pas mal ce qui suit, pas de ricannements de ma part, de LOL et autres niaiseries. Seulement, c'est un symptôme courant que de vouloir, ou plus précisemment, ne pouvoir envisager de photographier des gens que de dos - et on oubliera un moment l'atteinte à l'image et les questions légales qui restreignent les possibilités de photographier de face. La Rivière aux Canards s'était lâché d'un essai sans suite comme d'habitude sur le même sujet, qui avait généré les couiennement habituels des commentateurs encenseurs sur la "génialité" de l'approche. En fait, je suis persuadé que c'est un symptôme et une façon d'habiller l'insoutenable conscience du manque de communication que l'on voudrait mais qu'on n'a pas avec ces gens là, de dos comme de face. Regardez à quel point "les japonais" forment un gros tas si rarement individualisé dans la majorité des blogs (mais aussi des informations; l'autre est avant tout une molécule d'un ensemble appelé "les japonais", "les irakiens", etc. C'est toujours moi et eux, eux la foule, le groupe compact, le phénomène culturel, et vous en éternel observateur frustré de ce que la communication avec l'autre n'ai pas lieu, sinon qu'avec les gens intimes. Mais ce sujet, on le garde naturellement pour soi. Ce qui place un Donald Richie à part - dans la catégorie observateur du Japon sur place de longue date - c'est sa galerie de portraits de gens décrits de face. (http://en.wikipedia.org/wiki/Donald_Richie). Photographier de dos, c'est signifier qu'on voudrait entrer en contact, et c'est souligner la sentation que l'on a du goufre que constitue cette impossibilité, c'est bien plus intime que de photographier une foule ou un groupe de personnes de face.

n a dit…

Je ne vois pas pourquoi je prendrais mal un commentaire d'un intérêt certain ! J'ignorais le non-précédent de la Rivière : j'ai mis ce titre — qui n'a pas de suite prévue pour le moment (écoulement thématique de clichés surnuméraires) — en pensant au projet de catalogue d'un ami, où ne figureront que des livres anciens dont la couverture porte gens de dos (illustrés, photo — et là, c'est une première dans le monde de la librairie conceptuelle). Rapport à l'intimité du cliché, je ne sais. Certain que tout est pris à la dérobée et à la va-vite ; que je préfèrerais faire des portraits et du nu (féminin comme masculin, d'ailleurs) ; qu'il faut du temps (et de l'argent) pour cela. Il me souvient d'un très bon moment passé chez Morioka Shoten (lien ci-contre) à l'occasion de la projection du film "Lumière & Cie" de Sarah Moon, à laquelle faisait suite une prise de portraits des participants à la séance — expérience très intéressante et à laquelle tout le monde se prêta volontiers avec curiosité et enjoue (archives, décembre 2007, peu de bon clichés, qu'il faudrait, tiens, reprendre). Mais pour ce faire, il faut un concours de circonstances exceptionnelles, des introducteurs, et un cadre à tout le moins rassurant. Ceci dit, prendre de dos, si cela s'inscrit dans une démarche (ce qui n'est pas le cas ici, malheureusement), ce peut ne pas être à défaut de ne pouvoir prendre de face. J'envie un autre de mes amis, grand voyageur en pays moins culturés que le Japon, où le portrait est aussi facile que le contact. Du reste, par facilité, je ne me prive pas, non plus, du réducteur binaire "les Japonais" et "l'occidental"... C'est tout pour ce matin ; pistes réflexives à approfondir, d'aventure. Merci.